07/07/2017

L'éponge - ou comment (sur)vivre quand on est empathique







Tu ressens en toi cette douleur quasi permanente.
Sans trop savoir depuis quand elle est la, tu la subis chaque jour comme un fardeau.
Jusqu'à maintenant, tu ne te posais pas trop de question, elle était la, c’est tout, c’était ainsi.
Puis un matin elle est devenue trop lourde.
Beaucoup trop lourde.

Alors tu t’es posés des questions.

Comment font les autres pour avancer ? 
Pour réussir à garder le dos bien droits malgré tout ce poids?

Et tu as compris.

Rares sont les personnes qui comme toi prennent tout à leur compte.
Tu en as croisé très peu sur ton passage, mais même avec ces personnes la, lorsqu’elles partageaient avec toi, tu ne pouvais t’empêcher d’absorber leurs malheurs. Comme si ton âme se nourrissait de toutes ces souffrances pour se sentir vivante.

Oh bien sur il y a ceux qui pensent être réellement empathique, mais qui finalement se couche le soir et dorment dans un calme serein. Qui le lendemain savent se recentrer sur leur vie et leur personne, surement pour se protéger certes, mais qui ne comprendront jamais ce que toi tu peux ressentir.

« Mais tu penses à de ces trucs toi ! »
Oui, tu y penses tout le temps. Parfois des années après. Ce ne sont jamais de bonnes choses qui restent, toujours les pires images.

« On dirait que tu n’as pas de bons souvenirs à te rappeler ! »
Oh si, tu en as, mais ceux qui ont marqués ta chair ne sont pas les plus réjouissant. C’est triste, mais ton Toi fonctionne ainsi.

Le constat est clair : tu es une Éponge.

Diantre, une éponge.

Le moindre petit tracas dans ton entourage et te voila plus mal encore que les principaux concernés.
Et tu souffres de ne pas pouvoir partager tes états d’âmes personnelles, car oui, rares sont les personnes qui lisent en toi comme tu lis en eux.
Rare sont ceux qui sentent ta peine, ta douleur, juste en t’écoutant respirer.
Toi tu perçois le moindre dérèglement dans l’air, tu le prends pour toi et essaye de tout remettre en ordre.

Mais alors, qui en ferra de même pour toi ?

Le bât blesse. Personne si ce n’est toi.
Parce qu’en plus d’être à l’écoute des autres, il faut être à l’écoute de ton Toi.

Oui, tu es seule pour t’occuper de toi.
Tu décides alors de te forger cette carapace, pour te centrer sur toi et toi seule, pour te mettre à l’abri des émanations extérieures, mais tu ne sais pas faire, tu ne peux pas le faire. Ta nature à toi, ton carburant toxique, ton besoin impérieux, c’est de sauver les autres. Ils ne peuvent pas survivre sans toi. Tu es leur boussole. Après tout, pourquoi te parlent-ils de leurs difficultés si ce n’est pour que tu les aides ?

Puis quand arrive le moment de parler de la lourdeur de ton cœur, de ta difficulté à digérer le monde qui t’entoure, tout le monde regarde ses baskets, comme si cela commençait à devenir gênant.

Et puis ne l’oubli pas, tu es un éponge.

Alors même lorsque ce que tu peux raconter met mal à l’aise, tu le prends pour toi, et te rajoutes un nouveau poids supplémentaire.

« Je lui ai fait de la peine, je l’ai bien vu. »
Oui, tu oublie aussitôt que cette personne n’en avais rien à faire de ton histoire, et tu prends à nouveau à ton compte le comportement d’autrui, en ayant déjà oublié que ton besoin premier était juste de partager une partie de ce que tu portes.

Oui tu souffres vraiment. Mais après tout, il y a pire ailleurs non ?

Ah bah tiens, justement, oui il y a pire ailleurs.
Sauf que là où la plupart des gens passeront à autre chose après avoir vu les images de la dernière guerre en date, toi tu le prends en pleine poire.
Bin oui, tu ne peux rien faire pour empêcher ça, donc c’est un peu de ta faute après tout, non ?

La sur ce point c’est un peu exagéré de penser ça, tu le sais bien, mais il n’empêche que tu ressens la vrai douleur de ces gens que tu ne connaîtras jamais.




Dans ton entourage, on te parle parfois de « dépression » mais toi tu préfère te dire que tu es « empathique ».

La Langue Française est ainsi faites, les mots ont leur importance.

L’étymologie de ce mot signifie « souffrir avec » (em/pathie).

C’est exactement ça. En plus de partager, tu souffres réellement avec l’autre et pour l’autre.

« Mais pourquoi tu veux aider tout le temps ? »
« Tu devrais te protéger au lieu de vouloir aider tout le monde ! »
Mais oui mais c’est bien sur ! Heureusement qu’on te le dit sinon tu n’y aurais pas pensé seule, gourdasse que tu es !

Non sérieusement, pourquoi poser ce genre de question ? Ça revient à dire « prend une douche pas trop chaude si t’as chaud ».
Nan ? Sérieux ?

Bref, essaye de penser un peu plus à toi, et à t’éloigner de tout cet environnement toxique, histoire de sentir l’air passer dans tes poumons, le soleil chauffer ta peau, le vent glisser entre tes doigts, et ton cœur s’alléger de ce poids.

Un jour tu sauras te protéger.

Ou pas.



[J’ai la Flemme]




Un article assez sympa qui traite du sujet :


Toujours sur ce blog, voici un petit test à faire pour connaitre votre degré d’empathie :

J’ai obtenu 61 à ce test, et vous ?


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